Le véritable coût d’un squat

Des agents du GITeS inspectent une résidence à Toulouse

Face à une augmentation de la précarité, le phénomène du squat prend de l’ampleur en France et particulièrement dans certaines régions comme l’Occitanie. Dans un contexte de crise du logement où la production de logements sociaux peine à répondre à la demande, le risque d’occupation illégale par des squatteurs devient de plus en plus préoccupant.

L’Occitanie, une région fortement touchée

L’Occitanie aux côtés de l’Île-de-France, des Hauts-de-France et de la région PACA, concentre 80 % des squats recensés dans l’Hexagone. Cette concentration géographique s’explique en partie par les disparités économiques et sociales qui touchent ces régions.

L’augmentation de la pauvreté et de la précarité

Le phénomène du squat en Occitanie est accentué par un taux de pauvreté élevé et une précarité grandissante. En 2023, 17,4% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, plaçant ainsi la région parmi les plus vulnérables de France.

À la mi-2024, 478 600 allocataires se trouvaient en situation de précarité financière, soit 21,6% des moins de 65 ans. Le taux de chômage régional s’établissait à 8,6% au deuxième trimestre 2024, contre 7,5% au niveau national.

Ces indicateurs confirment un environnement économique difficile où l’accès à un logement décent reste un enjeu majeur.

L’aggravation de la crise du logement

La pénurie de logement social en Occitanie s’est encore accrue. En 2024, près de 192 500 demandes de logements sociaux ont été enregistrées, dont environ 57 300 en Haute Garonne, soit une hausse de 1,8% par rapport à 2023. Dans le même temps, la production s’est effondrée : seulement 8 420 autorisations de logements sociaux ont été délivrées en 2024, contre 9 241 en 2023 et 12 000 en 2017, niveau déjà historiquement bas. Pour 2025, les prévisions des bailleurs sociaux restent pessimistes, avec environ 8 000 logements attendus, alors que le besoin structurel est estimé à 14 000 par an.

Ce déséquilibre entre offre et demande entretient un contexte propice au développement des squats, aggravant les tensions sur le marché du logement déjà fragilisé par la précarité. En France, au 1er janvier 2024, 2,3% des logements sociaux (soit 118 700 unités) étaient vacants ; parmi eux, 54,1% l’étaient depuis plus de trois mois et 26,0% depuis plus d’un an. Ces logements inoccupés constituent des cibles possibles pour les squatteurs, au détriment des familles en attente d’un toit.

Une dimension délinquante observée dans certaines occupations illégales

Au-delà des situations de précarité, les bailleurs sociaux constatent que certains squats dans le parc social sont liés à des pratiques organisées, souvent en lien avec des réseaux de marchands de sommeil. Ces derniers exploitent la pénurie de logements et la saturation du marché pour transformer des logements vacants en lieux de sous-location illégale, notamment à destination de familles ou de personnes en situation irrégulière.

Dans certaines villes comme Toulouse, Montpellier ou Marseille, ces occupations peuvent aussi être associées à des activités liées au trafic de stupéfiants, renforçant la porosité entre squat organisé et économie souterraine.

Selon les retours d’expérience des professionnels du secteur du logement social, la majorité des squats recensés dans les grandes métropoles ne concernent pas des familles isolées en situation de détresse. Une part croissante des cas s’inscrit dans des logiques de profit, avec des logements utilisés comme espaces de revente, de stockage ou de transit, ce qui accroît les risques de dégradation du cadre de vie et d’insécurité pour les résidents.

Cette évolution complique la gestion des patrimoines vacants et conduit les bailleurs à renforcer leur collaboration avec les forces de l’ordre, les services judiciaires et les collectivités locales, afin de prévenir et de répondre à ces occupations illégales.

Les interventions du Service de Protection des Logements Vacants (SPV), souvent sollicitées dans ces contextes, illustrent l’évolution des enjeux auxquels sont confrontés les bailleurs sociaux, où la sécurité des biens devient indissociable de la sécurité des quartiers.

Les bailleurs sociaux face à la complexité d’un squat

Le squat touche principalement les zones urbaines et péri-urbaines, où la pression immobilière est la plus forte. Les grandes métropoles comme Toulouse et Montpellier sont particulièrement concernées, conséquence d’une concentration de la demande de logements sociaux et d’une offre insuffisante. Dans ce contexte, la loi anti-squat du 27 juillet 2023 est venue renforcer les mesures de répression de ce phénomène en introduisant une procédure express d’expulsion et des sanctions plus sévères. La nouvelle législation élargit même la définition du délit de squat en incluant le maintien dans le logement après la procédure d’expulsion, avec des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 7 500 euros d’amende.

Face à cette menace croissante, les bailleurs sociaux mettent en place diverses stratégies pour sécuriser leurs biens :

• Surveillance accrue des logements vacants ;
• Installation de systèmes de sécurité (portes renforcées, alarmes) ;
• Recours à des sociétés de sécurité spécialisées.

Le Service de protection des logements vacants (SPV) : une solution innovante

Parmi ces solutions, le Service de Protection des Logements Vacants (SPV) se distingue comme une innovation majeure sur le marché. Créé en 2021, le SPV de GITeS se positionne comme une solution unique pour sécuriser les logements vacants et prévenir les risques de squat.

En 2024, les agents du GITeS ont mené 244 interventions pour sécuriser des logements menacés par des squatteurs. Ce service combine technologie de pointe et expertise humaine pour prévenir et résoudre rapidement ces situations.

Les services du SPV permettent :
• Une prise en charge complète des démarches administratives et techniques ;
• Un suivi personnalisé avec un interlocuteur unique ;
• Une intervention rapide d’agents assermentés en cas d’intrusion ;
• Une réduction significative des coûts liés aux conséquences d’un squat pour les bailleurs.

Depuis mars 2025, plus de 430 logements bénéficient de la surveillance active du SPV, et ce sont 20 tentatives de squat qui sont déjouées chaque mois, démontrant l’efficacité de cette solution innovante dans un contexte où la sécurité et la gestion des logements vacants deviennent des enjeux cruciaux.

Les conséquences dramatiques d’un squat

Ces occupations illégales ne se contentent pas de priver de futurs occupants des logements disponibles (allongement des délais d’attente) : elles engendrent également des coûts significatifs pour les bailleurs sociaux et dégradent le cadre de vie des quartiers concernés.

Les conséquences d’un squat sont multiples :
• Pertes financières liées à l’impossibilité de louer les logements.
• Procédures d’expulsion longues et coûteuses, nécessitant le recours à des huissiers et des avocats.
• Dégâts matériels nécessitant des travaux de remise en état, parfois accompagnés de travaux de désinfection et de serrurerie.
• Impact sur le voisinage, avec une dégradation de la qualité de vie des résidents et altèrent l’image des quartiers concernés.

En moyenne, le coût d’un squat pour un bailleur social s’élève à 10 000 €. Ce montant se décompose en frais de procédure judiciaire (environ 2 000 €), en remise en état du logement (environ 4 000 € pour un T3 de 70 m²) et en pertes liées aux loyers impayés (environ 4 000 €).

Face à l’augmentation prévisible du phénomène de squat, due au manque de logements construits et à la précarité croissante, il devient impératif pour les bailleurs sociaux et les propriétaires de se doter de solutions de protection efficaces.

Le SPV du GITeS apparaît comme une réponse adaptée à ces enjeux, permettant de sécuriser le patrimoine immobilier tout en préservant l’accès au logement pour les plus vulnérables.